mardi 9 octobre 2012

Home (not) sweet home


Beaucoup a été dit et écrit dans cette rentrée littéraire sur le dixième roman de Toni Morrison, Home. Moi qui d'elle n'avais lu (et beaucoup apprécié) que Beloved, je dois m'avouer assez bluffé par la concision de ce nouveau texte. 150 page à peine mais tout y est  : le poids de la ségrégation sociale et raciale, l'expérience forcément destructrice de la guerre (ici celle de Corée), la violence de la cellule familiale et l'intensité cependant des liens de sang. Et le poids terrible du passé, de l'enfance et de ses souvenirs ténébreux que rien n'a pu effacer. C'est un peu Faulkner rewrité par Modiano. Ok, l'image est  bizarre, mais le bouquin, lui, est splendide.

vendredi 5 octobre 2012

Sombres héros


Une des belles réussites de cet automne pourrait bien être ce groupe anglais, Dark Horses, de passage la semaine dernière à Paris, et dont l'album Everywhere, prévu pour novembre, devrait nous tenir compagnie à l'heure d'hiver. Douze titres produits par Richard Fearless, le magicien aux commandes de Death In Vegas, et une plongée assez hypnotique dans un rock plutôt ténébreux, lynchien, serait-t-on tenté de dire. La chanteuse Lisa Elle, anglo-suédoise, mène tout ça avec une grâce résolument gothique, histoire d'enrober ces belles compos d'une imagerie légèrement sulfureuse. Prometteur.

mercredi 3 octobre 2012

A forest


Ca buzze depuis quelques mois déjà et maintenant c'est vraiment l'heure de la consécration pour Lescop, trentenaire français qui, avec l'épatant single La forêt, a su viser juste dans le paysage musical actuel. L'album éponyme qui sort dans la foulée est dans l'ensemble à la hauteur des promesses du single. Lescop a réussi très joliment le petit jeu d'équilibre rétro, qui nous donne l'impression de replonger en 1982 sans céder à une nostalgie trop facile. Impossible de ne pas penser à Daho, mais sans la naïveté un peu confondante du Rennais à ses débuts, avec un bon vrai son cold-wave derrière, qu'ont très bien su restituer récemment des groupes comme Tristesse contemporaine ou Aswefall. Sauf qu'ici la tonalité est résolument variétoche, assumée comme telle, et c'est sans doute pour ça que la formule fait mouche. Elégant et malin.

lundi 1 octobre 2012

Kids A


Certains livres ne s'ouvrent pas à nous de façon immédiate. On les feuillette d'abord, on ne sait pas pourquoi mais on ne rentre pas vraiment dedans… et puis un jour on y revient et puis les pages s'enchainent comme une évidence. Exactement ce que j'ai vécu pour Just Kids, le livre que Patti Smith a consacré à sa relation unique avec le photographe Robert Mapplethorpe. Livre éminemment touchant, écrit avec une pudeur et une sincérité parfois surprenantes. Plonger dans le NewYork de la fin des sixties et du début des seventies au travers de ce couple plutôt improbable est aussi plaisant que follement excitant. Le Chelsea Hotel, les silhouettes bientôt disparues de Janis Joplin, Hendrix, Warhol… Et puis ces deux paumés qui sont d'abord amants, mais surtout se nourrissent de leur propre inspiration pour esquisser deux trajectoires artistiques exemplaires… Robert shootera la pochette du premier album de Patti, leur lien restera magnifique et intense jusqu'à ce que la maladie emporte Mapplethorpe en 1989. Vingt ans plus tard, ce livre-hommage scelle les liens jamais complètement définis de ce drôle de duo. Superbe.