jeudi 5 décembre 2013
Les eaux troubles de Jane Campion
Il y a fort à parier que les six heures de Top of the lake, la mini-série de Jane Campion ont laissé du monde en chemin. Personnages barjots, lenteur de l'intrigue, climat souvent oppressant, c'est sûr, on n'est pas dans 24 heures chrono. Tant pis pour ceux qui s'immergeront pas jusqu'au bout dans cette intrigue policière située en Nouvelle-Zélande, le scénario réserve pourtant des rebondissements jusqu'aux ultimes minutes. Mais c'est davantage la singularité de la série qui marque. La réalisation, d'abord, servie, c'est vrai, par des paysages impressionnants, mais où l'on retrouve la patte d'une vraie cinéaste. Les personnages, surtout, portés par un jeu d'acteurs de haute volée : Peter Mullan est génial et flippant, Holly Hunter charismatique et Elisabeth Moss, déjà vue dans Mad Men, campe ici avec magnétisme une inspectrice - le rôle principal - à la trajectoire sombre et complexe. Toute cette micro-société s'agite autour d'un fait-divers - une jeune fille enceinte de 12 ans, Tui, est sur le point de suicider, puis disparaît -, qui va révéler les ombres effrayantes du passé avant de dévoiler un présent tout aussi sordide. Le vrai bonheur de Top of the Lake, c'est la liberté que s'autorise Jane Campion, laissant émerger des séquences bien déjantées dans cette intrigue pourtant bien construite. Ce qui explique le tempo parfois lent, les détours dans la narration et quelques scènes incongrues. Au final, une œuvre accomplie et très originale qui n'a pas fini de trotter dans nos têtes.
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