lundi 20 février 2012

Melancholia


Presque vingt ans que les Tindersticks sont apparus dans le paysage musical. Déjà hors-norme à l'époque et peu enclins aux étiquettes. Groupe à géométrie variable, porté par la voix sublime de son crooner de chanteur Stuart Staples, on les a adorés, on s'en est parfois lassé, mais les revoilà avec l'un de leurs plus beaux albums, The something rain, d'une simplicité et d'une beauté renversantes. Pas sûr que le groupe soit encore dans l'air du temps, mais certain qu'il serait dommage de passer à côté d'un tel disque…

mardi 14 février 2012

Paranoid androïd


Bon, ok,  Suite(s) Impériale(s) est sorti il y a plus d'un an, mais pourquoi ne pas en parler deux minutes ? Cette suite, vingt-cinq ans après, de Moins que zéro repartait sur les bases d'un Los Angeles toujours aussi plombé par le fric, la dope et l'artifice, ce que résume bien une phrase du bouquin ("se défoncer est la seule option"). Clay, Blair, Rip et Jason n'ont peut-être pas changé tant que ça, ce qui s'est amplifié, c'est ce sentiment de paranoïa omniprésent, déjà à l'oeuvre dans le très moyen Glamorama  et par contre  remarquablement mis en scène dans le précédent Lunar park. Dans cette ville-fantôme, tout n'est qu'artifice, mise en abîme et chacun est le voyeur de l'autre, ce qui autorise manipulations, jeux de dupes, menaces, etc. Mais en poussant le bouchon un peu plus loin, Maurice, pardon, Ellis cogne soudain sur une réalité, celle du lecteur. Qui raisonnablement peut s'autoriser à trouver que tout cela commence à tourner fâcheusement en rond. A force de questionner la réalité et son propre statut d'écrivain, Ellis a fini par perdre quelque chose en route. Et si c'était le plaisir d'écrire ?…

vendredi 10 février 2012

Harry et les livres


Rencontré il y a deux mois, Daniel Radcliffe, 23 ans, en général difficilement dissociable de son personnage d'Harry Potter, se révèle plutôt intéressant comme garçon. Alors que sort bientôt The woman in black, un film d'épouvante qui se passe à l'époque victorienne et parle plus de fantômes que de zombies, l'acteur s'interroge sur les livres adaptés au cinéma. Aujourd'hui, à peine un livre est-il sorti qu'on ne l'aborde qu'au prisme de sa potentielle adapation sur grand écran. C'est absurde, tous les livres, même certains parmi les meilleurs, ne sont pas faits pour ça. A croire que les écrivains eux-mêmes écrivent avec cette seule idée en tête. Je trouve ça assez déprimant… Ben, oui, Daniel, nous un peu aussi.

lundi 6 février 2012

Oublie-moi


Toujours un peu dangereux d'être comparé aux plus grands… Pour son premier roman, Le sillage de l'oubli, l'auteur américain Bruce Machart a vu en effet les noms de William Faulkner ou Cormac McCarthy associés à sa prose. Pas évident. A la lecture du livre, publié chez Gallmeister (David Vann, entre autres…), la question n'a plus rien de sensible. Oui, cette sombre histoire de quatre frères malmenés par la vie (et leur père) dans le Texas du début du siècle dernier a bien des airs de famille avec les textes denses et torturés d'un Faulkner. Mais peu importe, au fond. Bruce Machart, à l'aide d'une structure narrative habile et qui joue de multiples va-et-vient temporels, nous aspire dans ce trouble récit, où il est beaucoup question de chevaux, de désirs mal assouvis, de rancœurs et de culpabilité. Superbe.