mercredi 30 septembre 2015
Goûtez ce pain...
On ne pourra pas reprocher à François-Régis Croisier, alias Pain-Noir, nouveau venu sur la scène française, de manquer d'univers. Textes très bien écrits, chansons où affleure une personnalité touchante, habitée par beaucoup de réminiscences de l'enfance…, ce premier album paru chez Tom Boy a des atouts pour séduire et accrocher. Des Sablières à Requin-Baleine jusqu'à La Retenue, ce folk tarabiscoté déploie son imaginaire musical tout au long d'un disque plutôt délicat. Paradoxe, on se sent pourtant trop souvent en terrain connu dans ces arrangements (B. Belin, Beirut, Grandaddy, par exemple) et le chant monochrome de Croisier finit par lasser. Il est heureusement relevé de quelques voix féminines, dont celle de Mina Tindle sur le réussi Jamais l'or ne dure.
samedi 26 septembre 2015
Les hauts de Low
Des Américains de Low, certains ne garderont que le choc musical et esthétique de leur premier album, I could live in Hope. Ou comment un rock lent et mélancolique pouvait dégager une telle pureté et autant d'intensité. Dès l'ouverture de l'album, le titre Words, parfait modèle du genre, embrassait toute cette ambition. Plombant, mais absolument magistral. Sauf que c'était il y a 20 ans. Depuis, le trio originaire du Minnesota a poursuivi joliment sa route, modifiant parfois les itinéraires et le tempo. Une ligne sombre et minimaliste, mais capable de bien plus de nuances qu'on ne l'aurait imaginé. C'est comme cela qu'il faut accueillir Ones and Sixes, nouvel album particulièrement réussi. Low et son leader Alan Sparhawk propose aujourd'hui une musique qui lui est propre, peu redevable de quoi que ce soit à tel ou tel genre musical. Si le très sec No comprende sonne comme du Low première période, que dire de pop songs aussi légères et mélodiques que l'excellent What part of me ou The Innocents ? Le trio démontre ici une vraie capacité à rester inspiré et à se renouveler. Le désespoir conserve.
lundi 14 septembre 2015
The Queen is dead
Voilà un drôle de film. Malgré son format miniature (1h30), Queen of Earth risque d'en faire bâiller quelques-uns, qui trouveront ce long-métrage trop lent et oppressant. Pas faux et pourtant l'ensemble est quand même très réussi. Bon, des films traitant de dépression, de paranoïa et de folie féminine, on en a vu quelques-uns. Alex Ross Perry, le réalisateur n'échappe pas plus à ces références qu'il ne cherche à les fuir. On songe donc inévitablement à Persona de Bergman et Répulsion de Polanski, deux chefs-d'oeuvre des 60's, mais la comparaison s'arrête là. Queen of Earth possède sa propre esthétique et sa propre écriture, un poil barbante, grogneront certains. La dimension étonnante (et au final passionnante) du film tient beaucoup à ce tandem formé par les deux personnages féminins, deux amies réunies dans une maison au vert et qui se balancent des scuds dans la tronche comme jamais vous n'avez osé en envoyer à votre meilleur(e) ami(e). Troublant et dérangeant. Mais la fragilité est plus flagrante du côté de Catherine, sous le coup d'une séparation avec son amoureux et encore meurtrie de la disparition récente de son père. Réfugiée dans cette maison où elle se sent étrangère et hantée par le passé, Cat glisse peu à peu dans une paranoïa effrayante. Distillant un climat angoissant, le film garde heureusement jusqu'au bout sa part de mystère. On reste du début à la fin subjugué par l'interprétation d'Elizabeth Moss, qui justifie à elle seule le déplacement. Depuis Top of the Lake, on ne pouvait plus douter du puissant magnétisme de l'actrice américaine. Dans Queen of Earth, elle impressionne, dans un rôle casse-gueule, par son jeu aussi subtil qu'animal. Chapeau.
dimanche 6 septembre 2015
Une fille dans le vent
"La révélation espagnole de ce siècle". Pedro Almodovar en fait un peu trop lorsqu'il adoube ce second film de son compatriote Carlos Vermut. Globalement réussi, la Nina de Fuego n'est pas exempt de faiblesse : on lui reprochera surtout une certaine lenteur et un maniérisme parfois superflu, qui frise l'exercice de style. N'empêche : porté par la présence magnétique de l'actrice Barbara Lennie, qui campe un personnage génial et barré, le film se déploie au travers d'un labyrinthe narratif astucieux, où l'excentrique côtoie le glauque, dans un format à la fois classique et glacial. Les pièces du puzzle et les différents personnages, dans l'ensemble bien névrosés, finissent par se rassembler en un dénouement vraiment explosif. Pas dénué d'humour heureusement, la Nina de Fuego n'est pas le chef d'oeuvre annoncé, mais un bel objet de cinéma, qui au passage ravira les amateurs de cicatrices.
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