mercredi 7 novembre 2012
Retour vers le futur
On sait tous, en écoutant ses chansons, que Dominique A, n'est pas qu'un chanteur. Ses textes ont cet arôme littéraire qui donne tant d'élégance à sa musique. Et de musique, il est question aussi dans Y revenir, le très beau petit livre que le chanteur a publié chez Stock cet automne. Mais c'est surtout de Provins, ville natale de Mister Ané, qu'il est question dans ce récit qui plonge dans le passé et revient goûter les paysages de l'enfance. Ville-prison, ville détestée par un jeune garçon qui rêvait d'autres horizons et dont la famille, à son adolescence, partit finalement pour Nantes. Le texte, avec la retenue et la justesse qu'on connait à son auteur, relate ce rapport difficile à une ville qui, même quittée, a continué de hanter le chanteur. Jusqu'à ce qu'il y revienne le temps d'un concert, expiant tel une Lol V. Stein le passé maudit. On comprend mieux aussi à la lecture du livre certains textes du chanteur, directement liés à Provins, comme le superbe rue des Marais et Les terres brunes. Au final, c'est court, très bien écrit, pudique et vraiment émouvant
mardi 9 octobre 2012
Home (not) sweet home
Beaucoup a été dit et écrit dans cette rentrée littéraire sur le dixième roman de Toni Morrison, Home. Moi qui d'elle n'avais lu (et beaucoup apprécié) que Beloved, je dois m'avouer assez bluffé par la concision de ce nouveau texte. 150 page à peine mais tout y est : le poids de la ségrégation sociale et raciale, l'expérience forcément destructrice de la guerre (ici celle de Corée), la violence de la cellule familiale et l'intensité cependant des liens de sang. Et le poids terrible du passé, de l'enfance et de ses souvenirs ténébreux que rien n'a pu effacer. C'est un peu Faulkner rewrité par Modiano. Ok, l'image est bizarre, mais le bouquin, lui, est splendide.
vendredi 5 octobre 2012
Sombres héros
Une des belles réussites de cet automne pourrait bien être ce groupe anglais, Dark Horses, de passage la semaine dernière à Paris, et dont l'album Everywhere, prévu pour novembre, devrait nous tenir compagnie à l'heure d'hiver. Douze titres produits par Richard Fearless, le magicien aux commandes de Death In Vegas, et une plongée assez hypnotique dans un rock plutôt ténébreux, lynchien, serait-t-on tenté de dire. La chanteuse Lisa Elle, anglo-suédoise, mène tout ça avec une grâce résolument gothique, histoire d'enrober ces belles compos d'une imagerie légèrement sulfureuse. Prometteur.
mercredi 3 octobre 2012
A forest
Ca buzze depuis quelques mois déjà et maintenant c'est vraiment l'heure de la consécration pour Lescop, trentenaire français qui, avec l'épatant single La forêt, a su viser juste dans le paysage musical actuel. L'album éponyme qui sort dans la foulée est dans l'ensemble à la hauteur des promesses du single. Lescop a réussi très joliment le petit jeu d'équilibre rétro, qui nous donne l'impression de replonger en 1982 sans céder à une nostalgie trop facile. Impossible de ne pas penser à Daho, mais sans la naïveté un peu confondante du Rennais à ses débuts, avec un bon vrai son cold-wave derrière, qu'ont très bien su restituer récemment des groupes comme Tristesse contemporaine ou Aswefall. Sauf qu'ici la tonalité est résolument variétoche, assumée comme telle, et c'est sans doute pour ça que la formule fait mouche. Elégant et malin.
lundi 1 octobre 2012
Kids A
Certains livres ne s'ouvrent pas à nous de façon immédiate. On les feuillette d'abord, on ne sait pas pourquoi mais on ne rentre pas vraiment dedans… et puis un jour on y revient et puis les pages s'enchainent comme une évidence. Exactement ce que j'ai vécu pour Just Kids, le livre que Patti Smith a consacré à sa relation unique avec le photographe Robert Mapplethorpe. Livre éminemment touchant, écrit avec une pudeur et une sincérité parfois surprenantes. Plonger dans le NewYork de la fin des sixties et du début des seventies au travers de ce couple plutôt improbable est aussi plaisant que follement excitant. Le Chelsea Hotel, les silhouettes bientôt disparues de Janis Joplin, Hendrix, Warhol… Et puis ces deux paumés qui sont d'abord amants, mais surtout se nourrissent de leur propre inspiration pour esquisser deux trajectoires artistiques exemplaires… Robert shootera la pochette du premier album de Patti, leur lien restera magnifique et intense jusqu'à ce que la maladie emporte Mapplethorpe en 1989. Vingt ans plus tard, ce livre-hommage scelle les liens jamais complètement définis de ce drôle de duo. Superbe.
samedi 8 septembre 2012
L'amour à mort
Amour, de Michael Haneke, Palme d'or cette année à Cannes, sera sur les écrans le 24 octobre prochain. On hésite un peu à recommander cet excellent film, tellement son propos, sa forme aussi peuvent sembler pesantes, pour ne pas dire plombantes. La vieillesse, la maladie, la mort sont au menu de ce huis-clos parisien où l'amour qui unit les personnages joués par Trintignant et Emmanuelle Riva est soumis à une ultime épreuve. L'épreuve, elle est aussi pour les spectateurs, contraints d'assister à un spectacle certes banal, mais qui est au fond tout ce que notre société cherche aujourd'hui à masquer coûte que coûte. Il fallait bien sûr un réalisateur pervers pour mettre en scène ce drame du quotidien. Haneke, qui n'a eu de cesse depuis vingt ans de disséquer les racines du mal sociétal, quitte à perdre le spectateur en route (remember Funny games), use des mêmes procédés en collant au plus près ce couple qui bascule dans la mort. C'est peut-être son meilleur film, même si je garde un faible pour sa trilogie autrichienne (71 fragments…, Benny's vidéo, Le septième continent…). Trintignant, y est sidérant, lui qu'on n'avait plus vu au cinéma depuis Janis et John.
lundi 3 septembre 2012
mardi 28 août 2012
amour, couple et cul
Il a beau n'avoir que 28 ans, Bastien Vivès n'est pas une découverte pour ceux qui suivent un peu le monde de la bd (pas assez mon cas, j'avoue…). Angoulême en fit même sa révélation 2009, avec un bel album initiatique, Le goût du chhlore. Et son recueil L'amour, publié dans la collection Shampoing chez Delcourt, fait suite à deux autres parutions, Les jeux vidéos et La famille. Du couple, de l'amour et de cul aussi il est question, avec un principe narratif qui repose sur la répétition d'images fixes et un sens du dialogue qui oscille entre le banal, le zarbi et un brin d'humour. Même si on rit surtout jaune chez Vivès. Pas totalement réussi, ce petit album fait quand même souvent mouche. Il distille un charme assez énigmatique et confirme la singularité d'une écriture à la fois étrangement mature et encore en devenir.
lundi 27 août 2012
Baden Baden
Après un premier EP pour le moins remarqué (Alice, 78…) , les trois jeunes gens de Baden Baden déboulent début octobre avec Coline, premier album qui pousse un peu plus loin leur folk-rock inspirée en élargissant le cercle des possibles. Variation des tempos, chansons qui alternent entre français et anglais, l'album ne tient pas toutes les promesses esquissées à travers l'EP, mais ratisse suffisamment large et avec une indéniable grâce pour qu'on ne puisse faire autrement que le recommander. Et même assez chaudement.
The party is over ?
Ceux qui comme moi placent Silent Alarm, le premier album de Bloc Party, dans leur top 5 des albums parus dans la dernière décennie, n'ont pu qu'être un poil déçus par les suites que le combo british a données à ce petit bijou. Suites pas du tout honteuses, certes, avec une tentative méritoire de s'échapper du registre post punk/new wave qui avait fait leur succès. Virages en partie electro, tempos parfois apaisés…, la bande de Kele Okereke a fait son possible pour se renouveler, sans jamais susciter l'émotion des débuts. Avec Four, quatrième livraison du groupe, on a l'impression d'une volonté de rassembler toutes ces influences, de fondre en une les pistes que le groupe a explorées depuis 2004, l'option metal en bonus. Un petit côté quadrature du cercle qui, une fois encore, montre ses limites. Rien de spécial à critiquer sur ce disque appliqué, certains morceaux (3X3, Truth, Day Four…) sont même franchement plaisants. Mais ni l'inspiration ni la production n'atteignent les sommets que l'on a connus. Dommage.
lundi 20 août 2012
Revoilà les Raveonettes !
Ils sont Danois et sonnent franchement américain. Ce duo très talentueux revient en septembre avec un nouvel album, Observator, qui est plutôt une réussite. La recette des Raveonettes ? Du rock 60's plongé dans une sauce noisy façon Jesus&Mary Chain. Le résultat est aussi frais que décapant. Leur meilleur album, Pretty in black, en 2005, excellait ainsi à ensevelir des mélodies acidulées sous des tonnes de distortion. Moe Tucker du Velvet, Martin Rev de Suicide et Ronnie Spector des Ronettes étaient même de la partie, c'est dire. En 2012, rien n'a vraiment changé, mais on ne s'en plaint pas. Neuf titres délicieusement rétro qui font mouche presque à tous les coups. La classe.
jeudi 9 août 2012
Un peu de poésie…
Le 10 septembre sortira On a ride, le nouvel album de Wax Poetic. Ce collectif emmené depuis 1997 par le saxophoniste new-yorkais Ikhan Ersahin, a dès ses débuts rapproché jazz et pop. La toute jeune Norah Jones apparaissait sur les premiers albums de Wax Poetic. Sur ce nouvel opus, on la retrouve d'ailleurs sur un titre. Autre apparition, celle de la chanteuse Sissy Clemens, une voix qui monte. Pour le reste, l'album est une réussite, l'esprit du NuBlu (club new yorkais fondé par Ersahin et où a pris racine Wax Poetic) est toujours là, même si le disque prend cette fois des accents americana, avec la collabortion du guitariste et chanteur Gabriel Gordon. Un des temps forts de cette rentrée musicale.
mercredi 11 juillet 2012
Un os pour Dupieux
Wrong, le nouveau film de Quentin Dupieux, sortira en salles début septembre. Avec la difficulté de succéder à l'épatant Rubber, qui, filmé au 5D, narrait les aventures d'un pneu serial killer. Film sans budget qui réjouissait par sa capacité à dévoiler une vraie écriture cinématographique au-delà de la gaudriole et de la provoc' inhérentes au sujet. Cette fois, sans pneu mais avec un peu plus de moyens, Dupieux part d'une idée on ne peut plus simple : un homme a perdu son chien. Partir sur les traces de Médor (en l'occurence le cleps s'appelle Paul) suffit au réalisateur pour installer son univers comico-absurde, avec cette fois des dialogues, et toujours une poignée de trouvailles qui donnent des scènes croustillantes. Mais une idée ne fait pas un scénario et c'est un peu là que le bât blesse. On finit par s'ennuier gentiment à suivre cette quête du canidé. A défaut de tomber sur un os, Dupieux démontre ici à la fois son talent et les limites de son approche. A suivre…
mercredi 4 juillet 2012
Dead or not dead ?
Bon alors, il est comment le nouveau Dead Can Dance ? Programmé pour août, il scelle donc les retrouvailles, seize ans après, de l'un des groupes phares du label 4AD. Et dès la première écoute, il y a comme une forte émotion à se laisser envahir par le son impressionnant de cette musique et la voix sortie des ténèbres de l'ami Brendan Perry. Même sensation, sur second morceau, à l'apparition vocale de Lisa Gerrard. Nostalgie ? Je ne sais pas, j'ai toujours eu comme un doute sur la vraie valeur de ce groupe auquel je suis pourtant attaché, ce côté parfois pompeux des orchestrations alors que dans le même temps certains morceaux (The Host of Seraphim, Yulunga, etc) m'ont toujours semblé d'une intensité assez remarquable. Je n'aurai pas la réponse à ce doux paradoxe en écoutant Anastasis, album tout à fait honorable pour un come-back, qui comporte son lot de vrais beaux instants, surtout en début d'album, mais s'enlise parfois dans un soupçon d'ennui.
lundi 25 juin 2012
Somewhere on the beach
Sorti en mai, Bloom, le quatrième album de Beach House, s'est installé durablement sur mes platines. Rien de révolutionnaire dans la pop lumineuse de ce duo originaire de Baltimore, mais un charme persistant, qui s'accentue au fil des albums et finit par distiller une mélancolie digne d'un Mazzy Star. Victoria Legrand, nièce de Michel Legrand himself, chante d'une voix presque androgyne alors que son comparse, Alex Scally, fait scintiller ses guitares comme sur un disque de 4AD. Bref, vous l'avez compris, Beach House, c'est pas mal.
mercredi 13 juin 2012
Un oeil sur Richter
L'expo Panorama qui vient de s'ouvrir à Beaubourg et que l'on a déjà pu voir à la Tate Modern est une rétrospective assez splendide et idéale pour qui voudrait se plonger dans l'œuvre impressionnante de Gerhard Richter, considéré comme l'un des plus grands peintres vivants. Pas toujours facile d'accès le garçon, il est du genre à fuir les interviews ou à lancer ce genre de phrases : « J’ai une santé moyenne, une taille moyenne (1,72 m), je suis moyennement beau. Si j'évoque ceci, c’est parce qu’il faut avoir ces qualités pour pouvoir peindre de bons tableaux. »
Né à Dresde en 1932, Richter est plus tard passé à l'ouest et sa peinture, qui au fil d'une cinquantaine d'années, semble partir parfois dans tous les sens, est en fait sous-tendue par des thématiques fortes : le rapport à l'histoire, en premier lieu la période nazie, mais aussi les Brigades rouges, le 11-Septembre (Richter se trouvait ce jour-là dans un avion en partance pour New York !) ou tout simplement le passé familial. Un rapport très fort aussi à la photographie, qui inspire directement nombre de ses tableaux. Et puis un jeu souvent fascinant entre figuratif et abstrait. Bref, foisonnant, brillant, parfois dérangeant. Allez-y.
mercredi 30 mai 2012
Sacré Carax
En me rendant hier à la projection de Holy Motors de Leos Carax, j'étais, forcément, dans le souvenir savoureux mais pourtant si lointain de ces films magiques pour moi que furent Boy meets girl, Mauvais sang. 1984, 1986…, le cinéma d'une génération, mais avec un type tellement au-dessus de la mêlée. Tout cela avant l'épopée désastreuse des Amants du Pont-Neuf… Alors, Carax le Maudit de retour à Cannes ? Il fallait voir ça, alléché de plus par un casting pour le moins iconoclaste : Denis Lavant, of course, Piccoli, mais aussi Eva Mendes ou Kylie Minogue. Bigre…
Inutile d'essayer de raconter Holy Motors, et ce serait de toute façon dommage de le faire. Chef d'oeuvre ? Je n'en sais rien et honnêtement je m'en fous. Le film a autant de bonnes raisons de déplaire que de mauvaises, peut-être, de séduire. Mais Carax a juste réussi à me donner cette impression que je retournais au cinéma après des années sans y être allé. Comme une évidence. A cette liberté créatrice devenue si rare, il faut désormais ajouter un humour assez macabre, plutôt bienvenu en fait dans ce film poético-dingo. A l'image du dernier plan du film, où une dizaine de limousines, parquées dans un grand garage obscur, se lancent dans une invraissemblable conversation pré-nocturne.
Inutile d'essayer de raconter Holy Motors, et ce serait de toute façon dommage de le faire. Chef d'oeuvre ? Je n'en sais rien et honnêtement je m'en fous. Le film a autant de bonnes raisons de déplaire que de mauvaises, peut-être, de séduire. Mais Carax a juste réussi à me donner cette impression que je retournais au cinéma après des années sans y être allé. Comme une évidence. A cette liberté créatrice devenue si rare, il faut désormais ajouter un humour assez macabre, plutôt bienvenu en fait dans ce film poético-dingo. A l'image du dernier plan du film, où une dizaine de limousines, parquées dans un grand garage obscur, se lancent dans une invraissemblable conversation pré-nocturne.
dimanche 13 mai 2012
Désillusions
Gallmeister a ressorti récemment en poche ce petit chef d'oeuvre de Larry Watson. Court bouquin vu à travers les yeux d'un jeune garçon de douze ans, dont la famille va se trouver plongée dans une succession d'événements dramatiques qui vont marquer à jamais le narrateur. Découverte du mal, fin des illusions, jeux de pouvoir au sein d'un clan familial faussement uni, tout cela est raconté avec une sidérante simplicité. Emouvant et aussi très attachant.
mercredi 25 avril 2012
Dandy mais pas trop
Pas sûr qu'on était très excités à l'avance à l'idée de retrouver les Dandy Warhols. Le groupe de Portland officie depuis pas loin de vingt ans avec bonheur mais pas toujours. Bien sûr, on garde un souvenir ému de leur carton de l'an 2000, l'album Thirteen tales from urban bohemia, un classique du rock indé. Mais bon, c'était il y a douze ans et la bande à Courtney Taylor-Taylor n'a pas crevé l'écran depuis. Pourtant, à l'écoute de This Machine, nouvel album du groupe, on se surprend à passer un vrai bon moment de rock. Rien de génial, c'est un vrai, mais un son assez brut, presque grunge, des compos bien ficelées et cette sorte de décontraction qui est la touche (qu'on a pu trouver autrefois agaçante) des Dandy Warhols. Pas mal du tout.
lundi 23 avril 2012
Cold Specks
Un zeste de Cat Power, une petite touche d'Emily Jane White et surtout une folk qui prend d'émouvantes teintes soul voire gospel. Holland est le premier et brillant extrait de l'album à venir de Cold Specks, I predict a graceful explusion. Sous le nom de ce groupe se cache une jeune femme de 24 ans, Al Spx, une Canadienne installée à Londres dont on devrait raisonnablement vite beaucoup entendre parler. Ses chansons habitées d'une belle gravité font mouche sur à peu près tous les titres de ce premier opus très prometteur. Sortie fin mai chez Mute.
mercredi 18 avril 2012
Noces de verre
Son premier roman, en 2006, Le passage à niveau, déjà chez Stock, posait les jalons d'une écriture qui se source directement au réel. Des gens ordinaires, dont la trajectoire de vie se heurte à des enchainements dramatiques. Des récits simples où d'implacables mécanismes font basculer des destins.Son dernier livre avait inspiré le cinéaste Cédric Khan pour son film Une vie meilleure. Pas de fioritures, de moins en moins même, dans la plume de Philippe Routier qui avec Noces de verre, signe son quatrième roman. Un jeune couple, un enfant et la violence conjugale qui bientôt s'insinue et pervertit tout sur son passage. Comme d'habitude, c'est excellent, parfaitement maîtrisé du début jusque à la fin et évidemment assez secouant.
vendredi 13 avril 2012
Un p'tit Crumb ?
Quoi, Robert Crumb, le pape de la BD underground, le sale gosse obsédé et scandaleux au Musée d'Art Moderne de Paris ? Certains grinceront peut-être des dents. Bon. En tout cas, l'expo, qui débute aujourd'hui, est une formidable occas' de plonger dans l'oeuvre déglinguée de ce grand malade qu'est Crumb. L'ensemble est tellement foisonnant que c'en est fascinant, jusqu'à cette salle, l'une des dernières, qui présente l'intégralité du travail du dessinateur pour illustrer la Génèse. Et puis pour ceux qui ne les auraient pas déjà croisés, c'est le moment rêvé pour faire connaissance avec Mister Natural, Yeti Woman ou bien sûr Fritz the Cat…
mardi 3 avril 2012
Tristesse contemporaine
Evidemment, avec un nom de groupe pareil, on a très envie de jeter vite une oreille. Précisons d'emblée que derrière ce patronyme poétique et mélancolique se cache un trio formé d'une Japonaise, d'un Suédois et d'un Anglais déjà vu chez Earthling. Tous accueillis par le label parisien Dirty. La musique proposée par ces trois apatrides est en revanche moins hétéroclite. Une cold wave electro de très bonne facture, qui plaira autant aux vieux fans de Joy Division qu'aux amateurs de formations plus récentes telles qu'Aswefall, où a d'ailleurs sévi Leo Hellden, le Suédois de service. Un spleen digital qu'on aurait tort de se refuser.
lundi 2 avril 2012
La vie en Rover
Alors que sur le même label, Dominique A s'ouvre de nouveaux horizons avec un album lumineux , Rover est une nouvelle tête qui, de prime abord, lorgne ouvertement vers le passé. Des références ultra-classiques (Beatles, Dylan, Beach Boys, Bowie…) qui transpirent à peu près partout dans les chansons de ce premier album, et pourtant… Et pourtant, ce musicien français au physique qu'on n'oublie pas, a une façon assez décontractée de s'approprier tout cela sans que sa pop sente ni le rance ni ne manque de talent. Sens de la mélodie indiscutable, bel équilibre dans l'orchestration, les arrangements, on ne s'ennuie pas en écoutant Rover. Et on se dit surtout que le bonhomme, une fois affranchi de ses idoles, en a sans doute pas mal sous le capot. A suivre de près…
mercredi 28 mars 2012
Sinéad et la Callas
C'est le genre de rencontre qu'on redoute un peu et dont on se réjouit après. Interviewée ce jour, Sinéad O'Connor, 45 piges, le cheveu toujours ras malgré les années, des tattoes plein les bras, une chanteuse un peu sortie de l'actu et qui vient pourtant de sortir l'un de ses meilleurs albums (How about I be me (and you be you) ?). On a tout dit sur elle, ce côté écorchée vive qui lui a valu l'enfer en Irlande, sa voix extraordinaire qui ne mérite pas de n'être retenue que pour un seul tube (Nothing compares 2 U, en 1990 quand même…). Sinéad a sorti plusieurs bons albums, dont un très reggae qui avait surpris son monde, assuré quelques collaborations prestigieuses (la plus mémorable étant celle avec Massive Attack). Et puis c'est vrai qu'elle a semblé parfois se perdre un peu en route… En tout cas, elle est de retour, plutôt cool, cash dans ses propos et toujours rebelle dans l'âme (l'Eglise catholique irlandaise en prend pour son grade dans l'album). Et mérite vraiment qu'on lui accorde de nouveau une attention.
lundi 19 mars 2012
Spleen scandinave
Ne pas trop se fier à l'affiche du film, où une fraîche et ravissante jeune fille conduit en riant un scooter, un type collé contre son épaule. Oslo, 31 août n'est pas franchement riant, même si le film évite plus d'un écueil sur les déambulations d'un toxico sorti le temps d'une journée hors de son centre de désintox. Cette déambulation désabusée dans Oslo est le coeur même du film, centré autour de ce personnage d'Anders, aussi attachant qu'effrayant. Remarquablement réalisé par Joachim Trier et librement inspiré du Feu Follet de Drieu La Rochelle, ce second long-métrage impressionne et fascine. Et si on y entend un remix de A-ha, c'est plutôt du côté de Joy Division que l'ambiance générale lorgne.
vendredi 16 mars 2012
A oui !
C'est plus qu'un plaisir de le retrouver. Après vingt ans de bons et loyaux services sur cette ligne parfois improbable entre rock indé et chanson française, revoilà Dominique A reparti de plus belle, avec un nouvel album, Vers les lueurs qui sort fin mars et dont est extrait ce titre live, Le convoi. Le disque est réussi et intègre sur quasiment tous les titres un… quintet à vents. Il fallait oser, il l'a fait, avec la subtilité et l'humilité qu'on lui connaît. Grands moments de ce disque aux textes presque écolos, Contre un arbre La possession, ou encore Ce geste absent, à mon avis des classiques déjà dans le répertoire pourtant bien fourni de Mister A.
dimanche 11 mars 2012
Pas si simple
Judicieuse idée que de rééditer les cinq premiers albums des Ecossais de Simple Minds, groupe à stade et concurrent de U2 au milieu des années 80, mais contributeur passionnant du genre new wave dans les quelques années qui précédèrent. Sous le nom de code 5x5 et d'un coffret, on peut donc redécouvrir une palette d'albums assez étonnants, où clairement le groupe de Jim Kerr se cherchait encore, entre clins d'oeil à Roxy Music ou à Kraftwerk, jusqu'à une sorte d'electro-dance assez inspirée (le mini-tube I travel). Brouillonne au début, cette cold-wave devient franchement envoûtante sur les albums Empires and dance et Sons and Fascination, sortis en 1980 et 81, au son d'ailleurs très novateur. Juste après, le groupe publiera ses deux albums les plus aboutis, New Gold Dream et Sparkle in the rain, avant de sombrer disons du mauvais côté de la force, précisément pas le plus dark. Dommage…
lundi 20 février 2012
Melancholia
Presque vingt ans que les Tindersticks sont apparus dans le paysage musical. Déjà hors-norme à l'époque et peu enclins aux étiquettes. Groupe à géométrie variable, porté par la voix sublime de son crooner de chanteur Stuart Staples, on les a adorés, on s'en est parfois lassé, mais les revoilà avec l'un de leurs plus beaux albums, The something rain, d'une simplicité et d'une beauté renversantes. Pas sûr que le groupe soit encore dans l'air du temps, mais certain qu'il serait dommage de passer à côté d'un tel disque…
mardi 14 février 2012
Paranoid androïd
Bon, ok, Suite(s) Impériale(s) est sorti il y a plus d'un an, mais pourquoi ne pas en parler deux minutes ? Cette suite, vingt-cinq ans après, de Moins que zéro repartait sur les bases d'un Los Angeles toujours aussi plombé par le fric, la dope et l'artifice, ce que résume bien une phrase du bouquin ("se défoncer est la seule option"). Clay, Blair, Rip et Jason n'ont peut-être pas changé tant que ça, ce qui s'est amplifié, c'est ce sentiment de paranoïa omniprésent, déjà à l'oeuvre dans le très moyen Glamorama et par contre remarquablement mis en scène dans le précédent Lunar park. Dans cette ville-fantôme, tout n'est qu'artifice, mise en abîme et chacun est le voyeur de l'autre, ce qui autorise manipulations, jeux de dupes, menaces, etc. Mais en poussant le bouchon un peu plus loin, Maurice, pardon, Ellis cogne soudain sur une réalité, celle du lecteur. Qui raisonnablement peut s'autoriser à trouver que tout cela commence à tourner fâcheusement en rond. A force de questionner la réalité et son propre statut d'écrivain, Ellis a fini par perdre quelque chose en route. Et si c'était le plaisir d'écrire ?…
vendredi 10 février 2012
Harry et les livres
Rencontré il y a deux mois, Daniel Radcliffe, 23 ans, en général difficilement dissociable de son personnage d'Harry Potter, se révèle plutôt intéressant comme garçon. Alors que sort bientôt The woman in black, un film d'épouvante qui se passe à l'époque victorienne et parle plus de fantômes que de zombies, l'acteur s'interroge sur les livres adaptés au cinéma. Aujourd'hui, à peine un livre est-il sorti qu'on ne l'aborde qu'au prisme de sa potentielle adapation sur grand écran. C'est absurde, tous les livres, même certains parmi les meilleurs, ne sont pas faits pour ça. A croire que les écrivains eux-mêmes écrivent avec cette seule idée en tête. Je trouve ça assez déprimant… Ben, oui, Daniel, nous un peu aussi.
lundi 6 février 2012
Oublie-moi
Toujours un peu dangereux d'être comparé aux plus grands… Pour son premier roman, Le sillage de l'oubli, l'auteur américain Bruce Machart a vu en effet les noms de William Faulkner ou Cormac McCarthy associés à sa prose. Pas évident. A la lecture du livre, publié chez Gallmeister (David Vann, entre autres…), la question n'a plus rien de sensible. Oui, cette sombre histoire de quatre frères malmenés par la vie (et leur père) dans le Texas du début du siècle dernier a bien des airs de famille avec les textes denses et torturés d'un Faulkner. Mais peu importe, au fond. Bruce Machart, à l'aide d'une structure narrative habile et qui joue de multiples va-et-vient temporels, nous aspire dans ce trouble récit, où il est beaucoup question de chevaux, de désirs mal assouvis, de rancœurs et de culpabilité. Superbe.
mardi 31 janvier 2012
Nounours veille sur ta libido, mec…
Arf. C'est la vidéo qui circule en ce moment sur le net et franchement c'est assez poilant. Un jeune godelureau et une petite damoiselle sont en plein tout début de flirt, pas loin, oulala c'est chaud, d'entrer dans le domicile familial de la fille, qui, la vilaine, confie que ses parents ne sont pas là. Hésitations, tremblements des mains, gouttes de sueur, la tension est à son comble et les deux oiseaux sont sur le point de pénétrer enfin dans la maison, lorsqu'un nounours ridicule apparaît derrière le jeune homme pour lui faire la morale : "hé mec, tu pourrais regretter ce geste toute ta vie !". Ah oui ? Evidemment, comme si de rien n'était, les ados rangent direct leurs pulsions au placard et obéissent à la peluche. Vachement crédible. Renseignement pris, d'ailleurs, l'horripilant nounours répond au doux nom de Purity Bear, rien que ça. Clip promotionnel, vous l'aurez compris, d'une association américaine ultra-puritaine, qui prône l'abstinence avant le mariage. Au moins, on aura bien rigolé…
jeudi 26 janvier 2012
Julie
"Savez-vous pourquoi je vous écris ? C'est parce que ça me plait !". A l'heure où John Malkovich remet au goût du jour les Liaisons dangereuses de Laclos, il fait bon se rappeler le souvenir d'une autre épistolière, Julie de Lespinasse (1732-1776). Pas un personnage de fiction, mais une vraie salonnière qui fréquenta Montesquieu, Marivaux, Condorcet et bien d'autres. Ses amours compliqués, sa passion contrariée pour le colonel de Guibert lui ont inspiré cette fameuse correspondance qu'on étudie peut-être encore parfois dans les lycées. Eplorée, désespérée et romantique avant l'heure. Je me suis longtemps figuré Julie de Lespinasse comme une très jolie femme. En fait, il parait que non, mais qu'elle était d'une intelligence et d'un charme qui faisaient accourir les plus illustres à son salon, rue de Bellechasse. Sa plume, en tout cas, mérite toujours qu'on s'y attache. "Oui, mon ami je vis tout en vous; j'existe parce que je vous aime, et cela est si vrai qu'il me paraît impossible de ne pas mourir quand j'aurai perdu l'espoir de vous voir" (Lettre XXVIII, 1774). Eh ouais, ça ferait un beau tweet…
mardi 24 janvier 2012
Che bello
Quand bon film et belle chanson (en l'occurence, Nick Drake…) font bon ménage. Pas besoin d'en dire vraiment plus, non ?
lundi 23 janvier 2012
Mon triangle à moi
Maxence Cyrin s'est fait connaître en reprenant avec bonheur des tubes pop, rock ou electro au piano, dans un style épuré et distancié qui lorgne pas mal du côté de Satie. Parmi ces reprises, il y a ce Triangle, un titre du regretté Jacno. C'est simple, élégant, efficace. Pour ceux que cet artiste intéresserait, à signaler la sortie très bientôt d'un nouvel album, The Fantaisist, où l'on trouve des compositions personnelles cette fois, à mi-chemin entre Air, Sébastien Tellier et… Francis Lai.
vendredi 20 janvier 2012
Do you Go Go ?
Bah oui, c'est toujours un peu comme ça un film d'Abel Ferrara. Cheap, sexy avec un petit goût de rance qui plait ou fait fuir, c'est selon . Go Go Tales, présenté à Cannes en… 2007, est enfin distribué en France à partir de février. L'occasion de retrouver un Willem Dafoe en grande forme, dans la peau d'un patron d'une boîte de strip-tease à New York qui joue le salaire de ses danseuses au loto. Un bon rôle de loser comme on les aime. Le film est évidemment imparfait, assez drôle au final et bénéficie d'un casting plutôt chouette : Matthew Modine, Bob Hoskins, Lou Doillon et une Asia Argento qui, disons, porte bien le string.
mercredi 18 janvier 2012
Itinéraire essentiel
Au fond, Philippe Robert est un peu mon héros.
Quand, en 2006, il a sorti son bouquin, Rock, pop, un itinéraire bis en 140 albums essentiels, le livre, à juste titre, a reçu un excellent accueil. Ce guide intelligent invitait le lecteur à cheminer dans la galaxie pop et rock des quatre dernières décennies, à travers une sélection aussi pertinente qu'arbitraire. Des évidences, bien sûr, comme le Rock bottom de Robert Wyatt, le Faith des Cure ou encore les essentiels Nick Drake, Modern Lovers, Gram Parsons et j'en passe. Mais à feuilleter le bouquin, on tombe vite sur des pépites déjà plus confidentielles, de l'unique disque de Montage au Penguin Cafe Orchestra, du post rock de Slint au funk cold wave de A Certain Ratio. Des choses à explorer, certaines à redécouvrir, des envies d'approfondir, bref, une mine. Et j'aime assez l'idée que sur les 140 albums, il m'en reste pas mal à écouter encore. De quoi revenir encore et encore à ce qui est le genre de livre que j'emporterais bien sur une île…
lundi 16 janvier 2012
Jetable
Dernière lecture en date, ce petit bouquin d'Aude Walker publié par les Editions du Moteur, Un homme jetable. Texte trash et surtout engagé, qui raconte les tribulations d'un jeune branleur un peu désoeuvré, qui, faute d'emploi et d'argent, se retrouve intérimaire dans le nucléaire. Inconséquent, bravant le danger, le recherchant même, il va finir par se cogner la réalité de ces travailleurs de l'ombre en pleine face. Précarité, conditions de travail extrêmes, respect de la sécurité aléatoire…, le lecteur aussi en prend pour son grade. Mais en ces temps post-Fukushuma, c'est loin d'être inutile.
mardi 10 janvier 2012
Gore
Vous vous rendez pas compte. Trente ans que certains attendaient ça… Les retrouvailles discographiques entre deux des fondateurs de Depeche Mode, ça donne VCMG. VC pour Vince Clarke, parti après le premier album des anglais pour fonder, avec plus ou moins de bonheur, Yazoo puis Erasure. MG pour Martin L. Gore, bien sûr, le blondinet et assez génial cerveau de Depeche Mode, toujours en activité après quelques décennies disons vertigineuses. La rencontre se solde par un album, SSSS, annoncé en mars chez Mute/Naïve et précédé de quelques EP, comme ce Spock, qui donne le ton d'une techno minimaliste.
mardi 3 janvier 2012
Après le crash…
Au fait, qu'est devenu James Spader ? L'acteur, qui interprétait le personnage principal du film Crash, de Cronenberg et avait décroché le prix d'interprétation masculine à Cannes pour Sexe, mensonges et vidéos, s'est fait plutôt rare ces dernières années. Franchement dommage. On devrait le revoir dans le biopic que Spielberg consacre à Lincoln. En revisionnant les images de Crash, quinze ans déjà, où il dégage un charisme sans esbrouffe, presque en creux, on se dit que Spader est peut-être passé à côté d'une plus grande carrière. Crash, en tout cas, n'a pas pris une ride, sexy, malsain et à la hauteur du livre de JG Ballard. La perversité, ça conserve.
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