samedi 27 avril 2013

Un peu beaucoup talentueux


En tout juste trois ans, l'ascension du jeune James Blake (même pas 25 ans) semble aussi fulgurante que justifiée. Vite repéré par les radios anglaises, le chanteur n'a eu de cesse de déployer son insolent talent, creusant une voie bien à lui, sorte de mélange assez unique entre electro, soul et dubstep. Difficile de ne pas être séduit par exemple par l'excellent Klavierwerke



Sur son nouvel album, Overgrown, Blake continue sur sa lancée et ne commet pas vraiment d'erreur. On y retrouve RZA, on explore toujours des hauteurs electro planantes et suffisamment étranges pour troubler le public de plus en plus large qui s'intéresse à lui. Le seul truc, qui vaut finalement pour les surdoués de son genre (Björk, Radiohead sont des exemples…), c'est le risque à la longue de lasser. Mais même ça, James Blake a tout le temps de l'anticiper.

samedi 13 avril 2013

Spring Breakeuuh ?


Harmony Korine serait-il un poil entubeur ? Sorti il y a déjà quelques semaines et précédé d'une efficace campagne marketing misant gros sur l'effet bikini, Spring Breakers laisse carrément perplexe. Le scénariste du génial Kids et réalisateur de Gummo a bien changé (ou c'est moi). Dans ce polar débauché qui prend pour cadre le rituel Spring Break cher aux étudiants américains, Korine semble sans cesse flirter avec les clichés qu'il dénonce. Le message du film n'est pas d'une complexité telle qu'un gosse de 10 ans, même nourri à MTV, ne puisse pas en saisir le propos, cette vacuité généralisée ici longuement pointée et déclinée. Si certaines scènes, installant une esthétique dark bubble-gum assez poétique, réussissent à nous rappeler qu'on a affaire à un type doué derrière la caméra, l'ensemble est d'une mollesse plutôt complaisante. Car c'est là le pire : on s'ennuie comme des rats morts dans ce film qui n'a rien à raconter, pas d'histoire, pas de personnages. Le comble pour un mec qui a percé comme scénariste. Sinon, les quatre copines sont effectivement sexy dans leur bikini et James Franco assure en icône gangsta rap. Mais euh, bon ?

samedi 6 avril 2013

La réinvention de la solitude


Je ne sais pas vous, mais moi il y a bien longtemps qu'un bouquin de Paul Auster ne m'avait pas emballé. En lisant son récent Chronique d'hiver, j'ai retrouvé enfin le plaisir de se laisser prendre aux fils tissés par cet excellent narrateur. Pas question ici de roman ou de fiction, le texte est un recueil de pensées centrées sur cette implacable donnée : à soixante-cinq ans, Auster est entré dans l'"hiver" de sa vie et cette saison-là que l'écrivain américain évoque, prétexte à d'incessants retours dans le passé. La force du livre tient beaucoup au regard froid et parfois même clinique que l'auteur pose sur certaines données de sa vie, les blessures et dégradations de son corps, les lieux où il a habités, ceux où il a voyagé. Terrible inventaire auxquels se mêlent nombre de souvenirs plus proches des codes classiques de l'autobiographie. Malgré quelques longueurs, cette Chronique d'hiver dégage, avec une économie d'effets, beaucoup d'émotion et fait évidemment écho à L'invention de la solitude, écrit il y a maintenant trente ans. L'impression, du coup, de revenir au meilleur d'Auster.