samedi 31 octobre 2015

St Germain ou l'art du come-back



Il y a des types qui ont le talent de savoir rester discret tout en faisant des miracles. Ludovic Navarre, alias St Germain, est indéniablement de ceux-là. Le voir réapparaître en 2015 semble totalement incongru. Rose Rouge, Deep in it, Sure Thing, toute cette musique paraît si lointaine et forcément datée. On en oublierait presque que St Germain fut l'une des premières signatures du label F Communications, que ses deux albums, Boulevard en 1995 et surtout Tourist, à l'aube des années 2000, ont fait un incroyable carton à travers le monde, s'écoulant à plusieurs millions d'exemplaires pour le second. Loin du tapage médiatique des Daft Punk, mais impressionnant à sa manière. Quand on réécoute cette électro de l'époque, ce qui saute aux yeux, c'est la curiosité musicale de Navarre, son envie incessante d'aller voir ailleurs, d'ouvrir son horizon, vers le jazz, le blues. Cet ermite un peu mystérieux, qui dit passer ses journées en studio et n'a jamais affectionné le live, a donc laissé passer le temps. Des années même, où il avait peut-être abandonné jusqu'à l'idée de ressortir un album. Et puis le revoilà. Différent mais finalement assez fidèle à lui-même. C'est encore en métissant son électro, cette fois avec les musiques africaines, essentiellement maliennes, mais en injectant toujours un peu de blues, qu'il opère ce come-back. Sur Real Blues, morceau d'ouverture porté par la voix de feu Lightnin' Hopkins, le ton est donné et St Germain déroule son art de la fusion, avec une évidence presque simpliste. On peut ne pas se sentir subjugué par cette musique, mais difficile de nier l'intégrité d'un bonhomme, qui n'a pas hésité à rester plus de dix ans silencieux. Et qui sait s'il ne va pas encore faire un carton ?



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire