jeudi 12 novembre 2015

Tu t'es vu en homard ?



La vraie question avec The Lobster était surtout de savoir si le film allait tenir ses promesses. Avec un pitch aussi alléchant (pour le faire vite, les célibataires sont envoyés dans une résidence/hôtel pour trouver l'âme soeur, faute de quoi ils seront transformés en animal de leur choix au bout de 45 jours), le grec Yorgos Lanthimos avait toutes les cartes en mains pour réussir un chef d'oeuvre. Et de fait, dès les premiers plans, avec l'arrivée de Colin Farrel à l'hôtel, le film intrigue, dérange, amuse. Les bases de cette farce sont vite et bien posées, dans un registre inédit qui évoque autant Orwell, Von Trier que Pasolini. La mécanique absurde qui se met en place séduit en même temps qu'elle effraie, portée par des comédiens impeccables et une mise en scène inspirée. C'est dans la seconde partie du film que ce système éblouissant tend à s'essouffler. Le personnage de Colin Farrell prend la tangente, la narration se disperse en même temps que lui dans la forêt où zonent les Solitaires, et l'apparition d'une Léa Seydoux pas à son meilleur n'arrange pas les choses. La farce devient fable, une dénonciation évidente de notre société consumériste et normative, mais on finit hélas par s'ennuyer, malgré une scène hilarante sur fond musical de Jeux Interdits et une séquence finale réussie. Reste un objet cinématographique assez ovniesque, sans doute pas le chef d'oeuvre espéré, mais tout de même très fréquentable.




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